Découvrez les 10 similitudes qu’il y a entre Matoub Lounès et Zedek Mouloud

Il est clair que Matoub Lounès (Lwennas At Lewnis) et Zedek Mouloud (Lmulud At Smaɛel) ont tous les deux fait dans la chanson engagée. Cependant, chacun d’entre eux l’a fait à sa propre manière. Le premier fut un rebelle engagé qui s’est bien assumé comme un défenseur de son identité et sa culture, le second est un poète engagé pour sa culture et Taqbaylit. C’est pour cela qu’il n’est pas étrange de trouver quelques ressemblances et similitudes chez ces deux géants de la chanson kabyle.

Outre le fait qu’ils aient choisi tous les deux la chanson engagée, découvrez donc à travers cet article les 10 similitudes les plus communes et courantes, parmi tant d’autres, qu’on décèle chez Matoub Lounès et Zedek Mouloud.

1- Ils sont de la même génération et de la même région

Matoub Lounès et Zedek Mouloud sont les enfants de la même génération. Le premier est né en 1956, le deuxième est venu au monde quatre ans plus tard, soit en 1960. Mais aussi, ils sont issus du même Aarch d’At Dwala, qui a donné énormément d’artistes. Sauf que le village de Matoub Lounès c’est Tawrirt Musa, et At Xelfun pour ce qui est de Zedek Mouloud.

2- Ils sont des fervents supporters de la JSK

De son vivant, Matoub Lounès a toujours porté la JSK dans son cœur. Il l’a toujours considérée comme un repère identitaire et culturel pour toute la Kabylie. Lorsque on a altéré son appellation “JSK”, il était peut-être le premier qui avait dénoncé ça dans une chanson.
Tout le monde a salué son courage et son amour pour la JSK après avoir préféré l’accompagner en Zambie, même blessé, lors de la finale de la coupe d’Afrique des clubs champions en 1990, que de rester sans la soutenir. D’ailleurs, c’est prévu que le nouveau stade qui se construit pour la JSK porte son nom en guise d’hommage à ce grand chanteur.

Zedek Mouloud, pour sa part, n’a jamais caché son amour pour la JSK ni hésité un instant à la soutenir, voire à la défendre, lorsque c’est elle qui est la cible de certains courants.
Tellement il mesure bien la valeur de cette équipe pour les Kabyles, il n’hésite pas de l’accompagner parfois dans ses déplacements et de partager ses joies publiquement sur sa page officielle de Facebook lorsque la JSK réalise un bon résultat.

3- Ils ont tous les deux défendu la liberté de culte et de pensée

Matoub Lounès a toujours assumé sa laïcité et son respect des libertés. Il l’a même déclaré dans un plateau télévisé pour un journaliste en disant: « Je suis un laïc ».

Idem pour Zedek Mouloud qui a toujours chanté la liberté dans toutes ses chansons. L’histoire retiendra qu’il est parmi les rares artistes Kabyles à avoir participé et pris la parole lors d’un rassemblement des non-jeuneurs Kabyles à Tizi Ouzou en 2013.

4- Ils sont des amis de Allaoua Bahlouli

Durant longtemps, Allaoua Bahlouli a accompagné Matoub Lounès en tant que musicien. Ainsi, il n’était pas seulement son ami dans le monde musical, mais aussi dans la vie de tous les jours. La mort du Rebelle a été un véritable choc pour le fils de Tuffirt.

Le même cas pour Zedek Mouloud qui ne s’est jamais privé des services de ce maestro lors de ses différentes sorties artistiques. La connivence qu’il y a entre eux a fait qu’ils sont également devenus de véritables amis même en dehors de la vie musicale.

5- Ils n’ont jamais été récupérés politiquement

Nous le savons tous, Matoub Lounès a été un véritable opposant au Pouvoir. Il ne s’est jamais interdit de le critiquer dans ses chansons comme il a toujours refoulé toute tentative de récupération par quelconque façon, quelle que soit la “prime” qu’on pourrait proposer ou l’occasion à trouver comme prétexte.

Le même cas pour Zedek Mouloud, dont le parcours en témoigne parfaitement, qui n’a jamais accepté d’être récupéré politiquement dans un cadre artistique dans le but de s’enrichir, que ce soit lors des rendez-vous intéressants, des fêtes nationales, ou autres.

6- Ils ont comme “religion” leur identité

Il n’est un secret pour personne, Matoub Lounès l’a d’ailleurs déclaré lors d’un plateau télévisé de Delarue où il avait dit textuellement : « il y a des gens qui ont foi en une religion, moi j’ai foi en mon identité tout d’abord ». Cette phrase vaut tout un livre.


On trouve la même vision chez Zedek Mouloud qui a, rappelons-le, chanté tout récemment dans son dernier album “Neɣ ḍelmeɣ” : « a taqbaylit-iw, d kemmini i d ddin-iw, nekk yes-m i umneɣ » (Ô taqbaylit-iw, c’est toi ma religion. Moi je crois en toi).

7- Ils ont tous les deux goûté à la censure

Durant sa carrière, Matoub Lounès a été plusieurs fois victime de censure de la part des médias en Algérie, notamment les radios, à cause du caractère engagé de ses chansons. Heureusement que son public ne le boudait pas pour autant, bien au contraire, il grandissait de jour en jour.
De même pour Zedek Mouloud qui, non seulement n’est jamais passé sur les antennes de la télévision algérienne, mais aussi il a été censuré à maintes reprises sur les différentes radios qu’écoutent les Kabyles. Le seul tort de ces artistes, c’est d’avoir osé dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

8- Ils ont une place chère dans le cœur des Kabyles et des Amazighs

Nous ne sommes pas sans le savoir, la place qu’occupe Matoub Lounès dans les cœurs des Kabyles est indescriptible. Elle est unique à telle enseigne que d’aucuns le qualifient même de prophète de par toute l’estime et toute la vénération qu’ils ont pour lui, pour le travail gigantesque qu’il a réalisé tout au long de sa vie.

De l’autre côté, il faut dire que Zedek Mouloud n’a pas remplacé la place du Rebelle, mais pour beaucoup il a toujours incarné son combat pour tamazight, l’identité, la démocratie, et la liberté dans ses chansons.

C’est pour cela qu’ils occupent tous les deux une place particulière chez les Kabyles qui ne les remercieront jamais assez d’avoir fait dans l’éveil identitaire et entretenu la flamme de la chanson kabyle engagée.

9- Ils sont tous les deux amoureux de la lecture et de l’écriture

Peut-être ils sont rares ceux qui savent que Matoub Lounès était un féru de lecture et un écrivain aussi, puisque il a signé son unique livre autobiographie Rebelle en 1994. S’il n’était pas assassiné, il aurait probablement publié d’autres ouvrages.

La même chose pour Zedek Mouloud, qui aime bien la lecture des livres, et l’écriture aussi d’un moment à un autre. D’ailleurs, ses fans attendent impatiemment son premier roman en kabyle qui ne devrait pas tarder.

Juste une anecdote, lors d’une discussion que nous avons eu avec lui il y a quelques mois sur la famille des At Amruc (Ath Amrouche), l’auteur de “Tidderwect-iw” nous a confié qu’il a lu plus de 10 fois le fameux roman de Fadma At Mensur “Histoire de ma vie”.

10- Ils chérissent leur terre natale la Kabylie

L’amour que porte Matoub Lounès à la Kabylie l’a même poussé à prendre le risque plusieurs fois pour la visiter, bien qu’il était tout le temps menacé de mort. Plusieurs amis l’avaient conseillé de s’exiler, mais lui il rentre tout le temps voir Tamurt, sa terre natale.

Mouloud Zedek aussi aime énormément sa Kabylie. D’ailleurs beaucoup s’étonnent du fait qu’il ne s’est installé en France avec sa famille qu’en 2018 eu égard à toutes les difficultés qu’il y vit depuis des lustres. On ose dire qu’il a été, en quelque sorte, dans l’obligation de partir, mais avant cette date il n’a jamais été loin de sa Kabylie.

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