Entretien. Djamel Guemache, à propos de son nouveau livre : « la médecine moderne est orientée vers le retour à la terre »

Doctorant en marketing agro-alimentaire et auteur d’un ouvrage intéressant récemment publié, intitulé « Bien-être sanitaire ». Djamel Guemache a bien voulu nous parler dans cet entretien de son premier nouveau-né littéraire, et de l’objectif visé à travers sa publication.

Isahliyen : En guise d’entame, voulez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

Djamel Guemache : Djamel Guemache, 46 ans, natif de la commune d’Ait Smail, à l’Est de Bejaia. Sur le plan académique, je termine mon DBA ( Doctorat business administration ), en marketing agro-alimentaire. Il ne me reste que la soutenance prévue en fin février ; mon thème de recherche concerne les produits de terroir algérien et perspectives d’exportation vers le marché français. Diplômé en master de l’ESG de Paris . Sur le plan professionnel, actuellement je suis directeur commercial en marketing chez Pavirev Algérie . J’ai exercé le même métier pendant une période de plus de 15 ans, au sein des entreprises italiennes , françaises et portugaises.

Il y a quelques semaines, vous publiez un ouvrage scientifique aux éditions Tafat. Comment est née l’idée de faire d’une thèse un livre public ?

Dans une période de crise sanitaire, de crise économique et de dégradation de notre environnement, et par rapport aux résultats de ma recherche, je me suis dit : pourquoi ne pas transformer un chapitre de la thèse en ouvrage scientifique, qui sera utile pour la santé, pour le développement des zones rurales et pour le retour à nos valeurs culturelles ancestrales ? C’était justement, les quatre chapitres de “Bien-être sanitaire” . Le premier traite de l’évolution dans les dimensions du développement durable (économique , sociale et environnementale), un développement qui fait naissance de la consommation durable ou la notion du “consomm’acteur”, qui explique que c’est le consommateur qui dessine les marchés, à travers ses besoins, et ses exigences , à travers une conscience dans la consommation devenue une “consomm’action” . Les crises alimentaires, l’incapacité de la médecine de trouver des traitements définitives à des maladies graves, l’anxiété, le spectre de la vieillesse, les inconvénients des médicaments, et la destruction de l’environnement sont tous des éléments qui ont mené vers un nouveau concept de consommation.

Cette consommation ” réfléchie” ou ” responsable”, est aussi orientée vers le retour à la terre, à la source, vers les produits de terroir qui offrent la meilleure santé et une opportunité de création de niches de marchés dans les zones rurales tout en préservant notre environnement.

Le deuxième chapitre, il y est question de la valeur ajoutée des produits de terroir, qui est dans les huiles essentielles et végétales. Leur importance pour la santé (traitement et prévention contre des maladies) et bien-être ( anti-vieillissement , anti-stress ). Ils peuvent justement être liés à un contexte de marketing qui est l’expansion du marché santé et du marché bien-être. Nous avons travaillé d’une manière scientifique de telle sorte à développer 90 huiles essentielles et végétales. Leurs bienfaits ont été justifiés par des compositions chimiques.

Le troisième chapitre concerne la région d’origine et la sécurité alimentaire. L’importance d’identification de produits à travers sa région d’origine qui est le levier de sécurité alimentaire. A noter toutefois qu’une région d’origine se caractérise par une dimension géographique ( sol, climat, pluviométrie, humidité) et une dimension historique et culturelle ( le savoir-faire collectif au fil des générations ).

Quant au quatrième chapitre, il confirme, en somme, l’importance des marchés santé et bien-être à travers une démonstration de l’évolution du marché mondial des huiles et l’opportunité d’exportation.

Avez-vous procédé à sa distribution ou fait des rencontres pour sa promotion ?

Sur 1000 ouvrages, j’ai 500 pour moi, et les autres 500 chez l’éditeur. J’ai terminé la distribution de mes 500 ouvrages dans une période de deux mois. Je ne vous cache pas que j’ai contacté mes amis, mes proches, des enseignants, des médecins, des écoles, des pharmacie et surtout des entreprises. C’est ainsi que j’ai pu dépasser mon objectif initialement tracé, qui était de vendre 200 ouvrages. La belle surprise c’est que les 500 exemplaires  sont épuisés. C’est un succès de fin de l’année. Je profite de l’occasion pour remercier mes lecteurs, et surtout les entreprises qui ont acheté des livres à leurs personnels, particulièrement Samir Chalabi PDG de Ayriss, Yanni Madaoui, Directeur de la promotion Sedia, Ahmed Abdedaïm directeur de Sifab, Omar Chikirou de la promotion Habitat concept et notre entreprise Pavirev Algérie . La deuxième partie, ou les 500 restants, elle est chez l’éditeur qui a distribué dans les librairies de Béjaïa et d’Alger. J’ai dans les prochains jours une réunion avec lui, qui relancera ou qui mettra fin à notre relation professionnelle.

A travers la vente de ce livre, vous ciblez un projet en faveur de l’environnement. N’est-ce pas ?

Oui, effectivement. Je confirme qu’une partie des ventes sera destinée à une compagne de reboisement ; un programme tracé avec l’association OXY-JEUNES de Darguina et avec l’aide de quelques entreprises.

Il est temps d’effacer nos larmes et de passer à l’action. Ill est temps d’instaurer la culture de l’environnement aux futurs générations. Il est temps de sensibiliser sur l’importance de l’arbre et surtout il est temps de faire passer un message aux ennemis de la nature et de la vie, que nous n’allons pas lâcher. Une citation de Menguellet m’inspire là, qui disait « Ad nwali, Ad nwali ,Ad nwali ».

Revenons à son contenu. Les détails sont bien évidemment dans ce livre, mais qu’entendez-vous par « huiles essentielles » ?

Il y a aussi huile végétale. Elles se distinguent par leur origine et leur composition chimique. Les huiles essentielles sont composées de terpènes et de terpénoïdes, et les huiles végétales d’acides gras, saturés, et mono-saturés. Les huiles végétales sont généralement extraites de graine et de noyaux, cas de l’huile de graine de figue de barbarie et de noyaux d’abricot. L’huile essentielle peut être extraite de feuilles ou de fleurs, cas de l’huile d’ortie ou de chardon-marie.

Les Kabyles ont toujours accordé une importance particulière aux plantes médicinales. Pensez-vous que cet intérêt tend à diminuer ?

Je pense qu’il y a une rupture malheureusement entre le Kabyle et la plante médicinale. Les Kabyles, depuis des siècles, utilisaient des traitements via les plantes d’une génération à une autre. Le thym, l’huile d’olive, la caroube, le lentisque étaient depuis des générations une source de santé et de consommation saine, ce qui explique qu’ils ont survécu à des épidémies ; aujourd’hui l’apparition des usines et d’unités de production ont causé la rupture. Pour s’en rendre compte, il  suffit juste poser la question à des moins de 20 ans pour définir ou identifier « Taselɣa », « Tiginit », ou encore  « Merruyet ». On peut savoir que même notre langue est menacée par la disparition de mots. Ce qui redonne l’espoir c’est que aujourd’hui, la médecine moderne est orientée vers le retour à la terre, ce qui fera certainement la fin d’une rupture.

Qu’en est-il d’un autre projet, qui est le vôtre, consistant à traduire ce même livre au kabyle ?

Oui, exactement, c’est un projet à moyen terme, qui consiste à sa traduction au kabyle avec quelques modifications, d’une manière à retenir les plantes disponibles en Kabylie, et qui font partie de notre patrimoine culturel et traditionnel, avec éventuellement un développement d’un chapitre sur l’histoire de certaines plantes en Kabylie.

Merci de vous être confié à notre journal. Un dernier mot ?

C’est moi qui remercie “Isahliyen” pour m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur la réussite de « BIEN-ÊTRE SANITAIRE ». Mon dernier mot c’est un remerciement à tous ceux qui ont contribué à la réussite de mon ouvrage. Respect à ma famille, à mes amis, à mes lecteurs, aux entreprises et aux associations qui m’ont vraiment encouragé.

Propos recueillis par : Azwaw